Les extraterrestres d'Arrivée expliqués : langage, conception et plus
Arrival tisse un récit centré sur une langue étrangère, qui peut être difficile à comprendre car elle présente des idées complexes sur le temps et la perception.
Celui de Denis VilleneuveArrivée est une boîte de puzzle d'un film qui présente une espèce extraterrestre et utilise son langage comme dispositif narratif pour présenter des questions intrigantes autour de l'existence et des limites du langage et de la perception. Basé sur la nouvelle de Ted Chiang, Story of Your Life, Arrival commence comme un film typique d'invasion extraterrestre, où de mystérieux avions émergent soudainement dans 12 parties différentes du monde. Cependant, avec ce qui suit, le film adopte un récit non linéaire innovant pour inciter le public à réfléchir aux idées philosophiques entourant le libre arbitre, le déterminisme et la cohérence entre le passé, le présent et le futur.
Chaque petit détail d’Arrivée semble bien pensé. Par exemple, au lieu de présenter des êtres extraterrestres sous un jour unidimensionnel, le film utilise des visuels distincts pour montrer leur vaisseau spatial et leur conception. Même en ce qui concerne la représentation du langage unique des extraterrestres, Arrival repose ses idées sur la science spéculative mais les présente de manière plausible, dépourvues de trous d'intrigue significatifs. Compte tenu de la façon dont Arrival tisse méticuleusement une histoire de chagrin avec son déguisement de science-fiction, il est difficile de ne pas réfléchir au symbolisme et au fonctionnement interne de ses créatures extraterrestres centrales.
Les langues, telles que les humains les connaissent, peuvent généralement être communiquées sous forme écrite et verbale. Bien que la corrélation entre les formes écrites et verbales puisse différer d'une langue à l'autre, il existe presque toujours un certain degré de correspondance entre les systèmes écrit et verbal de toutes les langues humaines. Le degré auquel cette corrélation existe est appelé profondeur orthographique. En plus d'avoir une profondeur orthographique, les langues humaines sont également principalement linéaires, où le sens ne peut être dérivé que d'un arrangement séquentiel d'alphabets, de mots et de phrases.
La langue des extraterrestres dans Arrival, Heptapod B, manque des deux traits. Sa version écrite comporte des symboles circulaires, appelés logogrammes, représentant des mots, des phrases complètes ou des émotions. Comme le montre le film de science-fiction de Denis Villeneuve, la signification des symboles circulaires tourbillonnants dans la langue extraterrestre dépend des petites vrilles et taches qui partent de leurs anneaux circulaires. Plus le symbole d’un logogramme est complexe, plus sa signification est nuancée. Puisque ces logogrammes défient les règles de syntaxe et de séquence suivies par la plupart des langages humains, il est difficile de les comprendre au début.
Cependant, Louise d'Amy Adams commence à maîtriser le langage en montrant des objets simples du quotidien aux extraterrestres et en comprenant le logogramme qui se cache derrière eux. Elle utilise ensuite son expertise de linguiste pour identifier des modèles dans les données qu’elle a recueillies. Une fois ces modèles reconnus, d’autres humains utilisent un logiciel de codage avancé pour générer un vocabulaire plus large pour la langue. L’un des aspects les plus intéressants de l’heptapode B est la façon dont sa forme circulaire sert de métaphore sur la façon dont les extraterrestres, les heptapodes, perçoivent le temps.
L'idée centrale du scénario d'Arrivée découle de l'hypothèse Sapir-Whorf. Nommée d'après les linguistes Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf, l'hypothèse, en termes simples, suggère que la langue influence profondément la façon dont un humain perçoit le monde, et que l'apprentissage d'une nouvelle langue recâble potentiellement son cerveau. Bien que l'hypothèse ait été fortement contestée au fil des années, elle s'applique au récit d'Arrivée car elle introduit un langage étranger. Les symboles circulaires du langage heptapode B symbolisent le fait que les extraterrestres ne voient pas le temps de manière linéaire comme les humains. Au lieu de cela, ils perçoivent simultanément le passé, le présent et le futur comme des événements interconnectés et accessibles.
Le cerveau de Louise est reprogrammé lorsqu'elle commence à comprendre l'Heptapode B et, comme les extraterrestres, elle aussi commence à expérimenter le passé, le présent et le futur. Pour cette raison, ce qui semble initialement être des flashbacks dans la chronologie actuelle du film n'est que des aperçus du futur auquel Louise peut accéder après avoir appris la langue. Cette existence non linéaire du temps postule que tout est prédéterminé – le passé, le présent et le futur – et peu importe ce que Louise ou d’autres tentent de faire, ils ne peuvent pas le changer. Arrival réintègre cette idée de déterminisme dans la scène où Louise empêche le général Shang d'attaquer les extraterrestres.